Les Ateliers Médicis ouvrent les portes de la culture à Clichy-sous-Bois et Montfermeil

C’est un lieu ouvert sur l’extérieur. L’entrée officielle se situe à l’angle de l’allée des 5 Continents, qui regarde la ville. Mais les architectes de l’agence Encore heureux ont eu l’intelligence et la générosité d’ouvrir grand la salle de spectacles du rez-de-chaussée sur l’allée de la Dhuys, lieu de promenade champêtre prisé des habitants de ce secteur en difficulté et en plein renouvellement urbain, à la jonction entre les communes de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil.

En ces contrées où rares sont les habitants qui franchissent spontanément les portes d’un lieu culturel, l’animation du dedans irrigue le dehors et suscite la curiosité des passants qui s’approchent pour découvrir ce qui s’y passe. Ceux qui n’osent franchir la grande porte regardent ainsi par la fenêtre. Et c’est un premier point marqué par la structure.
Les Ateliers Médicis ont été lancés en 2011 par Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, à partir d’une idée lancée par le journaliste de Radio France, Jérôme Bouvier, après les émeutes de 2005. Celui-ci avait eu l’idée d’une "Villa Médicis des banlieues" qui recevrait en résidence des artistes du monde entier pour apporter un peu de nouveauté et de création dans ce territoire déshérité. Mais la Villa Médicis des banlieues s’est faite attendre… Le premier bâtiment dédié à ce projet, la tour Utrillo, un immeuble de bureaux désaffecté qui aurait dû être reconverti, a finalement été démoli, au grand dam des villes concernées, dont les habitants sont aussi désabusés qu’habitués aux promesses politiques non tenues. 

C’est donc fait. Avec un nouveau bâtiment "provisoire", puisque ce n’est encore que la préfiguration du futur grand équipement culturel prévu à l’horizon 2024 à la place de la tour Utrillo, et qui devrait surgir de terre à peu près en même temps que la station du Grand Paris Express Clichy Montfermeil, dont l’ouverture est prévue dans le même créneau temporel.
Le nouveau bâtiment est entièrement en bois, haut de trois étages et coiffé par un chapiteau rouge. Il n’est pas très grand (800 m2), car le travail des artistes se fait et se fera aussi sur le territoire. A l’exemple de la résidence conduite in situ par le collectif colombien Arquitectura Expandida durant l’été 2017 dans le quartier du Chêne Pointu de Clichy-sous-Bois, qui a mené une série de micro-actions pour engager le débat avec les habitants à travers la conception de mobilier urbain en bois : fauteuils à bascule, plateformes de jeux…

Les Ateliers Médicis ont été inaugurés tout au long du mois de juin par les habitants eux-mêmes, qui ont ouvert les festivités avec la représentation du spectacle participatif "Construire". Puis des chorégraphes, une paysagiste pour des balades urbaines, une radio, et autres temps de création ont suivi. La ministre de la Culture était attendue, mais elle n’est pas venue. On nous dit qu’elle viendra en septembre.
Aujourd’hui, la vingtaine de salariés qui travaillent pour les Ateliers Médicis ont une lourde mission. Celle de contribuer à transformer l’image de ce territoire avec les artistes d’ici et d’ailleurs pour et avec le public d’ici et d’ailleurs. Mais auront-ils les moyens de ces ambitions ? Déjà, le fondateur-directeur du lieu, Olivier Meneux, est parti, "appelé à une autre mission". Laquelle ? Pas de réponse. Il n’est pour l’instant pas remplacé. Pourtant, un portage culturel fort est indispensable pour ce type de projet, au risque de créer un "ovni culturel" déconnecté des habitants. Ce qui rajouterait encore un item dans la liste des promesses non tenues. 

Agnès Fernandez

Disponible à la vente