Notre-Dame-des-Landes : vers l'aménagement de Nantes-Atlantique ?

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"Où atterrir ?" Remis au Premier ministre Edouard Philippe mercredi 13 décembre, le rapport de la mission de médiation relative au projet d’aéroport du Grand Ouest débute par un clin d’œil. Comme il était convenu, Anne Boquet, Michel Badré et Gérard Feldzer, les auteurs, ne prennent pas position entre les deux options qu’ils mettent en exergue : la réalisation du projet de Notre-Dame-des-Landes ou le réaménagement de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique. "Cette option a été beaucoup moins étudiée jusqu’ici", soulignent-ils, puisque ce projet a toujours été présenté comme un transfert. Elle est donc particulièrement développée dans ce rapport même si au final, les médiateurs assurent que les deux options sont "raisonnablement envisageables".
L’aménagement de l’actuel aéroport concernerait la réfection, voire l’allongement de la piste unique et des voies de circulation, mais aussi la reconfiguration des aérogares. Un raccordement au tramway - qui s’arrête à deux kilomètres de là - serait aussi au programme. D’après les médiateurs, les travaux nécessiteraient la fermeture de l’aéroport durant environ neuf semaines. Le coût de l’aménagement serait inférieur à celui mettant en œuvre le transfert à Notre-Dame-des-Landes : 730 M€ pour ce dernier contre 365 à 460 M€ pour l’aménagement de Nantes-Atlantique. Des sommes qui ne tiennent toutefois pas compte "d’une éventuelle indemnité de résiliation du contrat de concession actuel entre l’Etat et AGO", c’est-à-dire 'Aéroports du Grand Ouest', qui associe Vinci Concessions, la CCI de Nantes-Saint-Nazaire et la société ETPO (Entreprises de travaux publics de l’Ouest). A noter également que les médiateurs ne précisent pas qui prendrait en charge les travaux de réaménagement de cet aéroport.
Les projets urbains peu impactés
Sur le plan urbanistique, cette approche n’entraînerait pas de "modification significative à prévoir sur les grands projets urbains en cours", au niveau de l’Ile de Nantes notamment. Et ce, malgré une révision du plan d’exposition au bruit (PEB) préconisée par la médiation. Le bruit est en effet un élément très défavorable à cette option, qui laisse subsister des "nuisances sonores significatives" pour 3 500 à 6 000 riverains, et une "gêne modérée" pour 67 000 personnes, contre respectivement 200 et 1 500 riverains concernés autour de NDDL. Si cette approche devait être retenue par Emmanuel Macron d’ici la fin janvier, le schéma de cohérence territoriale - récemment adopté - devra être modifié et non pas révisé, pour tenir compte d’un abandon du projet de transfert. Les différents plans locaux d’urbanisme en cours d’élaboration devront aussi intégrer une éventuelle modification du Scot. Par ailleurs, la Commission nationale du débat public devra être consultée sur le projet de réaménagement. Celui-ci sous-entend aussi le lancement d’une nouvelle étude d’impact et d’une nouvelle déclaration d’utilité publique. Sans oublier la réalisation d’un nouveau contrat de concession. Un planning chargé que les médiateurs estiment réalisable en deux ans, ce qui nécessite qu'il n'y ait aucun recours de quelque opposant que ce soit. Ce qui en l’état, apparaît très ambitieux.
Le syndicat mixte aéroportuaire du Grand Ouest, réunissant une vingtaine de collectivités favorables au projet de NDDL, regrette que la médiation ait "concentré son travail sur le réaménagement de Nantes-Atlantique, laissant à penser que cette solution était possible", alors que c'est "une impasse pour le développement [du] territoire".