Ground Control : l'urbanisme transitoire façon SNCF

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25 000 personnes ont déjà profité du site Ground Control, ouvert il y a deux semaines en lieu et place de l’ancien tri postal de Charolais, base arrière logistique de la Gare de Lyon, à Paris 12e. Après deux éditions organisées rue Ordener, dans le 18e, Denis Legat, co-fondateur du concept événementiel éphémère, remet donc le couvert. Le 31 mai, dans un décor bucolique, ce dernier est venu expliquer à la presse les ambitions de la démarche. A ses côtés, Benoît Quignon a fait le point sur les opérations d’urbanisme transitoire développées par la jeune filiale SNCF Immobilier, et dont il est le directeur général.

Dans les rails d’une économie d’usage émergente, la SNCF s’épanouie depuis deux ans dans des projets d’occupation temporaire sur certaines de ses emprises ferroviaires inutilisées. L’idée est "de profiter d’une opportunité pour en faire quelque chose", précise Benoît Quignon, d’assurer "une transition douce" entre l’usage historique d’un site et sa mutation urbaine à venir, et de permettre aussi à la société civile, aux associations et acteurs économiques d’expérimenter de nouvelles façons de produire et de consommer. "Et puis, les projets temporaires peuvent faire évoluer le contenu de la programmation à venir". Car, d’ici quelques années, sur ce site de 6 ha,  600 logements devraient voir le jour (dont la moitié en logement social), ainsi que des activités tertiaires (des commerces surtout), des équipements publics et une coulée verte d’un hectare. "Le permis d’aménager sera déposé cet été". Le chantier s’annonce déjà colossal. Les trois quarts des dépenses sont liées à la reconfiguration technique de la Gare de Lyon (dont le centre d’avitaillement). En outre, la grande halle de tri postal sera en partie démolie – deux de ses travées seront conservées -, à l’instar des bâtiments tertiaires qui entourent l’esplanade. 

En attendant le démarrage du chantier
Pendant deux ans et demi à trois ans, Ground Control évoluera au fil des partenariats. Trois ans, "une éternité" pour Denis Legat, qui, d’ordinaire, occupe ces "lieux magiques" de la SNCF durant quelques mois seulement. En l’occurrence, il se réjouit de pouvoir prendre le temps de développer du lien avec les associations.
Pour l’heure, seuls les espaces extérieures sont ouverts (soit 2 000 m2). A partir de cet hiver, dans l’ancienne halle, sur près de 4 500 m2, "on va pouvoir encore plus s’exprimer" avec une dizaine de boutiques et ateliers, 1 500 m2 d’exposition, une salle polyvalente… Au total, 2 M€ ont été engagés pour la réalisation de cet espace éphémère."Sans entrer dans une logique purement économique", la SNCF touche une redevance, mais "faible", "pour couvrir nos frais", souligne Benoît Quignon. 
SNCF Immobilier compte plusieurs autres projets d’urbanisme temporaire : le festival musical et culturel de la Gare des Mines (collectif Mu), dans le nord de Paris, la Cité fertile de Stéphane Vatinel, sorte de laboratoire urbain à Pantin, ou la performance "Dérives" de la plasticienne Dziki-Véronique Missud, rue des Pyrénées, dans le 20e. 
A Charolais, exit le bal matinal des camions de la poste, les riverains auront affaire au bal plus nocture des clients. Mais l’équipe de Ground Control l’assure : la gestion des flux a été repensée et des cloisons sonores seront mises en place pour déranger le moins possible. Et à partir de 21h30, il n’y aura plus de musique. 

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