Cité Descartes, la smart city à la loupe

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Mêler un lieu de recherche et de vie et faire travailler ensemble les usagers, les étudiants, les chercheurs, les ingénieurs pour penser et aménager la ville de façon durable et intelligente. Mardi 11 décembre, à la cité Descartes, à Marne-la-Vallée, s’est déroulée la signature de la convention "Smart and sustainable city campus", entre Laurent Girometti, directeur général d’Epamarne/Epafrance, Claude Arnaud, le président de l’Institut pour la transition énergétique Efficacity, et Philippe Tchamitchian, président de l’université Paris-Est.

"Alors que la cité Descartes va s’étendre avec l’arrivée d’une gare du Grand Paris Express – la jonction entre le RER A et les lignes 15 et 16 -, il nous reste 500 000 m2 à aménager et nous aimerions avoir une approche plus pragmatique. D’abord, faire émerger les besoins des usagers, puis les tester avant de les mettre en place", détaillait Philippe Hermet, directeur de la stratégie d’Epamarne. "C’est l’idée d’une ville réversible, au contraire de la ville nouvelle qui est trop figée". Comment créer les bonnes méthodes pour y parvenir ? Avec des "Ateliers thinking" entre les chercheurs, les architectes, les usagers, la maîtrise d’œuvre, ou des plateformes collaboratives afin de partager les connaissances. "Il faut casser le cloisonnement et ce campus est le lieu idéal", s’enthousiasme Antoine Daval, le directeur de la stratégie et des programmes de Recherche & développement chez Efficacity.

Sense-City, ville-test des possibles 

Au cœur de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, à cheval sur les communes de Champs-sur-Marne et Noisy-le-Grand, la cité Descartes réunit entreprises, chercheurs, étudiants et 25 % des effectifs français de recherche et de développement sur le thème de la ville durable.
Pour illustrer cette thématique et l’ADN du quartier, une visite de "Sense-City" suivait la signature. Inaugurée début 2018, grâce à un investissement de 11 M€, cette plateforme de R&D (ouverte au secteur privé) est née dans le cadre de la première vague d’appels à projets Investissements d’avenir de l’Agence nationale de la recherche (ANR). Elle implique l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar), l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée (UPEM), et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).

De l’extérieur, on aperçoit d’abord un cube bleu. Mobile car disposé sur des rails, il peut recouvrir deux espaces différents, deux mini-villes de 4 000 m2. Tout y est démontable et l’une d’entre elles possède un sous-sol, inondable pour mener les expériences.
A l’entrée, une cabine accueille un tableau de bord. Aux manettes, Eric Dimnet, le responsable de la plateforme, actionne les réglages pour obtenir les conditions souhaitées pendant la visite. Il règle l’intensité de la lumière, la température, le débit de la pluie (crachin ou averse d’orage…). Il peut également injecter des polluants, "une fonction néanmoins désactivée", précise-t-il.

A l’intérieur, un espace urbain reconstitué, avec chalet d’habitation, route, piste cyclable, signalisations. Température annoncée : 24 degrés, et il pleut sur une partie de la ville éclairée. Autour, une multitude de capteurs invisibles recueillent des informations. L’idée : étudier l’impact des conditions météo sur la qualité de l’eau, les matériaux ou la végétation. "Nous pouvons ainsi quantifier la persistance des polluants, la pollution de l’air, de l’eau, des sols et analyser les performances des matériaux et de l’aménagement", poursuit Eric Dimnet.

Ici, le champ des expérimentations est immense : comprendre l’impact de la hauteur de la nappe d’eau en sous-sol sur les performances géothermiques, planter plusieurs essences d’arbres pour voir celles qui absorbent le mieux la pollution, étudier la performance des matériaux bio-sourcés, comme la laine de bois…
A l’heure de la smart city, l’équipement doit aussi permettre d’améliorer l’efficacité des capteurs, et de la chaîne d’informations qui s’ensuit. "L’idée est de pouvoir détecter un incident dans la ville, une fuite de gaz, un arbre tombé sur la route, grâce au mobilier urbain", pour rendre, aussi, le réseau de distribution d’énergie plus intelligent, capable de quantifier le besoin, l’inertie ou de gérer un scénario de panne.

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