A Montréal, la métropole équivaut à la région (une pensée pour Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, qui défend ce modèle pour le Grand Paris). Sauf qu’à Montréal, la présidente de la métropole – Valérie Plante en l’occurrence – est aussi la maire de la ville (autre pensée pour Anne Hidalgo, maire de Paris).
A Montréal, depuis l’adoption de la loi métropolitaine en 2001, aucune remise en question majeure n’a eu lieu. D’ailleurs, depuis 15 ans, "ça va plutôt bien", admet Stéphane Pineault, coordonnateur exécutif, en charge des politiques, interventions et développement de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).
La métropolisation d’un territoire redistribue les cartes et nous retrouvons à Montréal ce jeu d’acteurs et d’équilibriste politique que nous connaissons bien. Pesant lourd dans la balance démographique – avec ses 4 millions d’habitants, soit la moitié du Québec -, la métropole montréalaise, qui englobe 82 municipalités, s’est vue attribuer des compétences majeures, certes, mais qu’elle ne peut décliner sans l’approbation du gouvernement québécois. Ainsi, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) planifie, cordonne et finance les grandes politiques établies par la province en matière d’aménagement du territoire, de développement économique, de logement social, de transport collectif et d’environnement. Faire métropole c’est trouver des compromis, nous explique Stéphane Pineault. Le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) par exemple "doit être conforme aux orientations et aux attentes gouvernementales", indique la CMM. La hiérarchie institutionnelle est claire : gouvernement, CMM, regroupements de municipalités (l’équivalent de nos communautés d’agglomération) et municipalités.
En outre, l’organisation métropolitaine est une affaire essentiellement politique. Des passerelles sont créées avec la société civile via différents modes de consultations, dont l’"Agora métropolitaine", qui se tient tous les deux ans et pendant deux jours. Un rendez-vous démocratique important, d’autant que la CMM n’a pas de lien direct avec la population. D’ailleurs, comme en Ile-de-France, les "Grands Montréalais" ne comprennent pas vraiment à quoi renvoie leur nouveau statut métropolitain… Rassurant, non ?
Logement : Montréal ne connaît pas la crise
La maire de Montréal a fait de la création de logements sociaux un argument électoral et une des priorités de sa mandature. "A Montréal, le marché du logement est plus accessible, car moins onéreux, en comparaison aux autre villes du Canada, ou aux villes américaines", rappelle Stéphane Pineault. Pour faire simple, il n’y a pas de crise du logement dans la deuxième ville la plus peuplée du pays. Il n’en demeure pas moins qu’une politique volontariste est nécessaire pour endiguer la montée des prix (en 2011, 15 % des ménages de la CMM consacraient plus de 30 % de leur revenu pour se loger) et favoriser une offre équilibrée sur l’ensemble du territoire. "78 % des logements sociaux et abordables se trouvent sur l’Ile de Montréal [agglomération de Montréal qui compte 16 municipalités au total]", précise Suzy Peate, urbaniste et coordonnatrice exécutive en charge de la planification du territoire à la CMM. Les autres municipalités soutiennent financièrement l’effort de construction de logements sociaux via un système de péréquation fiscale. Et c’est la CMM qui se charge du partage des coûts entre les 82 entités administratives.
La métropole établit également les "grandes orientations" : prioriser les programmes à proximité des transports collectifs, ou encore, diffuser le logement social, "pour ne pas créer de grandes banlieues à la française ou des ghettos à l’américaine", souligne le coordonnateur. Ensuite, charge aux municipalités de planifier leurs programmes immobiliers.
La métropole sur les rails
Les Grand Montréalais auront, eux aussi, leur supermétro : le Réseau express métropolitain (REM). Entièrement automatisé, il doit relier le sud et le nord du territoire, en passant par le centre-ville et l’aéroport Montréal-Trudeau. Soit 67 kilomètres et la création de 26 nouvelles stations. Le REM, initié par Philippe Couillard, Premier ministre du Québec, représente un coût de construction de l’ordre de 6,3 Md$, dont près de 3 Md$ sont financés par la Caisse des dépôts et placement du Québec, qui porte le projet (puis 1,28 Md$ pour le gouvernement du Québec et 1,28 Md$ pour le gouvernement fédéral). Les développements immobiliers s’élèveraient à près de 5 Md$ en investissements privés anticipés.
Le projet est entré en discussion en janvier 2015 ; les travaux seront lancés au printemps prochain, pour une mise en service en 2021. Certes, le dimensionnement du REM n’est pas comparable à celui de notre GPE, mais ça laisse tout de même rêveur.