La relation paysagiste-concepteur lumière était au cœur de la conférence "Eclairage extérieur" du salon Materials & Light*, le 24 avril à Paris. "La lumière est devenue une composante de l’aménagement du paysage", explique la conceptrice lumière Sara Castagné (agence Concepto). "Or la nuit, le paysage se referme complètement, on perd les horizons". Pour Philippe Deliau, paysagiste (Alep/Atelier lieux et paysages), "la façon de traverser un paysage, d’aller vers l’objet du désir, est déjà un projet en soi", de jour comme de nuit.
Concepto et Alep ont collaboré sur des sites à fortes contraintes. A Rocamadour (Lot), ville construite dans la falaise, illuminée le soir, et fréquentée par un million de personnes chaque été, il fallait tracer un cheminement piéton d’1,2 km, éclairé à 20 lux en tous points. La conceptrice lumière a fait accepter, in fine, 15 lux moyens, et a privilégié les éléments incorporés dans des murets ou garde-corps, complétés par des luminaires plus urbains rappelant les lumignons des chapelles.
A Béziers, sur le site des écluses de Fonseranes, la création d’un cheminement de visite a dû conjuguer l’impératif de sobriété imposé par la Commission des sites et l’animation souhaitée par la collectivité. D’où un cheminement bien circonscrit par un éclairage intégré dans des garde-corps, en ménageant deux grandes places festives. "Il y a eu beaucoup de frustration en termes d’éclairage, par rapport à la proposition d’origine", témoigne Sara Castagné, "mais je suis finalement très contente : c’est un lieu très calme, où le paysage change de couleur sans que l’on s’en rende compte, et où le public se sent bien".
Au sanctuaire de Lourdes enfin, avec ses 50 hectares et ses 6 millions de visiteurs, fonctionnant 24 heures sur 24, il a fallu gérer les passages du calme au flux, de l’ombre à la lumière – celle-ci ayant, pour les visiteurs, une résonance divine – et l’attente d’une ambiance particulière. D’où le choix des matériaux décrit par Philippe Deliau : "une grande place en enrobé ; un mail ombragé ; des sols de pierre diffractée ; et pour le cœur de la grotte un béton très clair, presque poli et réfléchissant la lumière…".
Sur ces projets, les concepteurs lumière ont été présents dès la première réunion d’intentions. Sara Castagné apprécie cette implication : "on peut parler de tout : du sol, du paysage, du soleil… Nous ne sommes pas cantonnés à mettre des luminaires sur un projet déjà fait".
* Organisé par le groupe Ficade, propriétaire d’Innovapresse.