Difficile de savoir ce qu’Emmanuel Macron compte faire de la Métropole du Grand Paris. Le 17 juillet, lors de la Conférence nationale des territoires, il prônait "un projet ambitieux" et "une organisation institutionnelle efficace". Depuis, des "rumeurs" courent sur une possible suppression des départements de petite couronne. C’est sur la base de ces bruits de couloirs que les présidents des sept départements franciliens ont réuni la presse, le 10 octobre, pour défendre, d’une part l’échelon institutionnel qu’ils représentent (cf. p. 1), et d’autre part, leur vision du Grand Paris. Un rendez-vous au "caractère inédit", admet Christian Favier (PCF), président du Conseil départemental du Val-de-Marne.
Malgré leurs sensibilités politiques différentes, les sept élus s’accordent à penser qu’il faut revoir le périmètre de la Métropole du Grand Paris. "La taille de la métropole parisienne n’est pas à l’échelle de la compétition internationale, en comparaison au Grand Londres notamment", fait valoir François Durovray, président (LR) de l’Essonne. Le contour actuel de la MGP n’a aucun sens, selon les élus, d’abord, car il crée "une frontière institutionnelle supplémentaire" avec la grande couronne, et "oppose l’urbain au rural". "Tous les Franciliens participent au financement du Grand Paris. Aux mêmes devoirs, mêmes droits !", réclame l’élu essonnien. L’un des enjeux est "de bâtir des ponts et non des frontières", fait savoir Jean-Jacques Barbaux, élu (LR) en Seine-et-Marne. C’est un "deuxième périphérique qui se crée". Et Patrick Devedjian de renchérir : "quel est intérêt d’avoir une coupure administrative entre Boulogne et Vélizy, qui forment un même bassin d’emplois", interroge le président (LR) des Hauts-de-Seine. Bref, tous sont pour une métropole-région.
"Quelle métropole voulons-nous ?", insiste Patrick Devedjian. "Pas une métropole des riches créée par un président des riches !", lance François Durovray. Les sept présidents des départements plaident – au-delà du maintien de leur institution – pour une métropole "efficace et attractive" qui répond aux "attentes des citoyens", et non "un mastodonte" dont les membres sont élus au second degré. Or, en supprimant l’échelon départemental, les populations ne bénéficieraient plus des politiques sociales et culturelles, revendiquent les présidents. "Qui va gérer les crèches, les collèges, la solidarité sociale, les familles, la culture… si les départements disparaissent ?", se demande Stéphane Troussel, élu socialiste de Seine-Saint-Denis. "Sous couvert de simplification, il ne doit pas y avoir une vision technocratique de l’organisation locale". Les élus ne s’opposent pas frontalement à l’existence d’une instance métropolitaine, mais remettent en cause sa gouvernance ainsi que ses compétences. "Il ne peut y avoir de nouvelle institution sans organe délibérant issu du vote citoyen", tandis que les conseillers départements sont élus au suffrage universel.
En outre, la métropole "ne peut faire ce que font déjà les départements et la région" mais doit assurer des missions que l’Etat n’assure pas ou plus, selon Christian Favier. Et agir sur l’attractivité et le rayonnement international notamment. C’est ce pouquoi elle existe, clament-ils.
Les sept présidents se disent "ouverts au dialogue avec l’Etat" et appellent, dans une contribution co-signée, à ce que la Conférence territoriale du Grand Paris, qui doit avoir lieu dans les prochaines semaines, "permette de dégager un consensus raisonnable dans le respect des principes de décentralisation et d’autonomie des collectivités inscrits dans notre constitution". Dans le cas contraire, ils sortiront du tour de table. (JS)
Les sept présidents de départements réunis pour défendre leur vision métropolitaine
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