Pour la troisième conférence, sur les huit au total que compte le cycle dédié aux gares du Grand Paris Express, la Maison de l’architecture d’Ile-de-France, en partenariat avec la Société du Grand Paris, a donné la parole aux architectes Denis Valode (Valode et Pistre), Pascale Dalix, Frédéric Chartier (Charier-Dalix) et Jean-Pierre Vaysse (ar.themes associés).
Longtemps "les gares et leurs infrastructures ont été pensées en-dehors de leur contexte urbain". Désormais, les acteurs de l’aménagement s’attachent à "anticiper la mutation" du quartier qui les entoure, se félicite Catherine Barbé, directrice des partenariats stratégiques à la Société du Grand Paris. L’intégration va encore plus loin avec ces "projets connexes" (dont les droits à construire émanent de la SGP), associés à certaines des futures stations du supermétro : immeubles de logements ou de bureaux viendront, parfois, coiffer les gares.
Gares des Ardoines et du Vert de Maisons
Imaginer une gare, "où passent des centaines de milliers de personnes par jour", est "extraordinaire", "c’est un autre ordre de grandeur", et "l’occasion d’une densification, d’une réorganisation", reconnaît Denis Valode. Trois gares du Grand Paris Express ont été attribuées à son agence : celles des Ardoines, du Vert de Maisons et du Pont de Rungis. L’enjeu architectural est "formidable", "en interconnexion avec des enjeux urbains", d’autant que la SGP ne veut pas de "gare générique, mais spécifique à chaque territoire". L’équipe a travaillé sur cinq sujets pour concevoir les trois projets : le rapport au lieu, la profondeur et l’ascension, le confort, les projets connexes et l’aspect artistique. Pour la gare du Vert de Maisons, en site constitué, entourée notamment de HBM des années 30 à l’Est, l’équipe de Valode et Pistre s’est inspirée de l’architecture géologique des carrières, que l’on trouve en souterrain des deux communes que la station reliera (Alfortville et Maisons-Alfort) pour dessiner l’excavation de 37 m. Les paliers auront l’air d’avoir "été creusés dans la masse", explique Denis Valode.
En surface, une discrète émergence du bâtiment sera chapeautée par un immeuble de bureaux (un des projets connexes de la SGP), conçu pour "signaler la présence de la gare". Autour, des places et des services, dont des commerces.
A Vitry-sur-Seine, la gare multimodale des Ardoines aura aussi sa "dimension métaphorique" – pas forcément évidente au premier coup d’œil – en rappelant l’histoire industrielle forte de la commune. Sa peau, "puissante", puis "perforée" à certains endroits, et son "squelette tridimensionnel" renverront au modèle scientifique. Les voyageurs auront, en outre, une vue dégagée sur le paysage industriel, les halles de la SNCF notamment, lesquelles seront transformées en équipement culturel.
La Courneuve "Six routes"
A la Courneuve, la gare du GPE doit réconcilier le piéton avec ce carrefour peu accueillant des "Six routes". L’agence Chartier-Dalix envisage, par ailleurs, de créer la future "gare du parc" George Valbon, situé à 300 m. Comme un clin d’œil à celui-ci, les architectes imaginent une peau végétalisée pour le futur bâtiment : une forêt en toiture et "des plantes volubiles en façade", accrochées sur des treillis métalliques. Le recours à la brique, référence "au passé industriel de la commune", constituera l’autre identité. Le matériau sera utilisé pour dessiner les voûtes des entrées traversantes de la gare. La création d’un immeuble connexe de logements est également prévue au programme.
Gare d’Arcueil-Cachan
Pour la gare d’Arcueil-Cachan, et ses près de 95 000 voyageurs journaliers, Jean-Pierre Vaysse a dû soigner la gestion des flux, en travaillant "l’efficacité des correspondances", en donnant du rythme aux aménagements lumineux notamment. Par ailleurs, "l’emprise a été réduite à son minimum en superstructure", pour accueillir de nombreux programmes immobiliers, envisagés en aplomb ou autour de la gare, dont un grand socle commercial en rez-de-chaussée.
Pont de Rungis
La gare du Pont de Rungis s’implantera dans "un non lieu, assez indescriptible", s’amuse Denis Valode. La structure est imaginée comme "une vraie place publique" avec des commerces, des bistrots… reliant les quatre points cardinaux et les trois ZAC à venir. Sorte de préfiguration, pensée comme "un germe du futur de la ville, de son tracé".
► Prochaine rencontre avec les "architectes du Grand Paris Express", le 5 juillet avec : Kengo Kuma, Thomas Richez et David Trottin.